Il me reste peut-être un ou deux jours à vivre,
Personne n'est venu ... je sais, je vais mourir.
Dans ma tête de chien, j'ai tant de souvenirs,
De souvenirs heureux au temps où j'étais libre.
Je vous aimais pourtant, j'étais bien près de vous
Et les enfants m'aimaient, moi aussi, je l'avoue.
Et je cherchais toujours à vous faire plaisir,
Attentif comme un chien à vos moindres désirs.
Je vous aimais depuis presque une vie entière,
Huit ans... je me souviens et c'était merveilleux !
Vous m'avez " balancé " à travers la portière
Et je n'ai pas compris, c'était peut-être un jeu ?
Vous avez disparu au loin, sur l'autoroute
Et je suis resté seul, me traînant au fossé,
Le coeur désespéré et l'esprit en déroute,
Gémissant de douleur sous ma patte cassée.
J'ai fini au refuge où j'attends chaque jour
Qu'on vienne me chercher pour tout recommencer.
Je ne vous en veux pas, j'ai pour vous tant d'amour !
Qu'on sera bien chez nous, comme par le passé,
Je voudrais tant revoir mes petits compagnons,
Annie qui m'emmenait si souvent en balade
Et François dont j'étais le meilleur camarade
Et qui disait toujours que j'étais si mignon.
La nuit tout doucement a envahi ma cage ;
C'est vrai, je vous aimais et je vous aime encore,
Je ne dormirai pas et j'attendrai l'aurore
En guettant tristement à travers le grillage,
Et puis, quoiqu'il arrive, n'ayez pas de remords,
Au bout de mon amour, je vous offre ma mort,
Vous pouvez à loisir vous dorer sur les plages.
J'entends venir quelqu'un ... on vient d'ouvrir ma cage ...
Pour faire ce sale ouvrage
Que l'on appelle " euthanasie ".
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" Il y a beaucoup moins de gens qui abîment leur voiture que de gens que leur voiture abîme. " Gilbert Cesbron.