Les voitures électriques ne sont pas encore la meilleure solution pour lutter contre le réchauffement climatique.
L'utilisation massive de véhicules électriques pourrait causer des pics de consommation d'électricité lors des recharges des batteries, que les énergies renouvelables à elles seules pourraient ne pas couvrir.
Une nouvelle étude estime qu’à moins d’une nette progression des énergies renouvelables, la voiture électrique ne sera pas plus performante à l’égard de la protection de l’environnement d’ici 2030 qu’un véhicule traditionnel privilégiant l’efficacité énergétique.
« Les véhicules électriques peuvent contribuer à l’atteinte des objectifs de protection climatique, toutefois nous ne devrions pas laisser de côté les voitures traditionnelles ».
Telle est la surprenante observation de Florian Hacker, chercheur à l’Institut allemand d’écologie appliquée (Oeko) qui a récemment dévoilé une étude s’intéressant de près au parc automobile allemand et à l’évolution de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en fonction de divers scénarios. Selon celle-ci, le développement de l’efficacité énergétique des véhicules traditionnels serait plus performant en terme de réduction des émissions carbones que le développement des véhicules électriques. Dans un premier temps en tout cas.
L’étude estime qu’il pourrait y avoir jusqu’à six millions de véhicules électriques circulant en Allemagne d’ici 2030, ce qui représenterait approximativement 14% de la totalité des automobiles du pays. Grâce à ce déploiement de voitures « vertes », le secteur économiserait pas moins de 5,2 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) et verrait ainsi ses émissions de GES baisser de 6 % par rapport aux niveaux actuels. Mais cela à une condition : que l’électricité utilisée pour recharger les véhicules soit elle aussi green, donc qu’elle provienne des énergies renouvelables.
Autrement dit, le verdissement du parc automobile allemand doit se faire en même temps qu’une transition écologique de la production énergétique du pays.
Mais celle-ci suffira-t-elle à soutenir la demande grandissante ?
Les chercheurs de l’Institut Oeko prévoient en effet une demande additionnelle en électricité, inévitablement due à l’augmentation du nombre de véhicules électriques et hybrides sur les routes outre-Rhin, de 11 térawatts par heure d’ici 2030. Ce qui représente 2 % de la consommation électrique nationale allemande actuelle. Par ailleurs, les scientifiques craignent que s’instaurent des créneaux privilégiés pour recharger les batteries des véhicules, par exemple en fin de journée, ce qui s’ajouterait à un pic déjà en place de la consommation électrique quotidienne des citoyens.
Un pic qui ne permettrait probablement pas aux énergies renouvelables de couvrir la demande nationale à elles seules, et qui ferait donc davantage tourner les centrales de charbon du pays. Aussi, Charlotte Loreck de l’Institut Oeko résume : « Le facteur décisif dans la réussite environnementale des véhicules électriques dépend de la mise en place ou non de capacités additionnelles des énergies renouvelables ».
Comparé à tout cela, M. Haker rappelle que « si les voitures à essence étaient faites bien plus efficaces en terme d’économies d’énergie d’ici 2030, elles pourraient à elles seules réduire les émissions de GES du parc automobile allemand de 25 % ».
Soit bien plus que les véhicules électriques.
Autrement dit, en attendant un plus grand déploiement des autos green – en symbiose avec le développement des énergies renouvelables -, mieux vaut ne pas tirer un trait sur les véhicules traditionnels. Mais plutôt encourager la recherche et le développement de moyens visant à accroître leur efficacité énergétique.
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" Il y a beaucoup moins de gens qui abîment leur voiture que de gens que leur voiture abîme. " Gilbert Cesbron.