«Il n'y a pas de raison que les prix à la pompe montent. Il ne faut pas non plus que les prix des carburants soient trop bas, sans quoi nous ne pouvons pas réinvestir», explique Christophe de Margerie Le PDG de Total, la compagnie pétrolière française, était l'invité dimanche soir du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]À quelques semaines des vacances estivales, les automobilistes doivent-ils s'attendre à des mouvements à la pompe? Interrogé d'emblée sur le délicat dossier des hausses de carburants, Christophe de Margerie, le PDG de Total invité dimanche soir du «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI», a aussitôt répondu qu'il n'y avait «pas de raison que les prix montent». Insistant au passage sur l'impact d'un euro fort - qui limite dans les stations-service une éventuelle flambée du baril - et sur la stabilité des marges de Total, qui s'élèvent à un centime d'euro par litre. Dans le même temps, Christophe de Margerie a souhaité que les prix ne soient pas non plus trop bas, sans quoi «on ne réinvestit pas».
Toujours sur le front des carburants, alors que le comité nommé par le gouvernement doit rendre ses préconisations en matière de fiscalité écologique, le patron de la compagnie tricolore n'est pas contre un alignement du gazole sur l'essence - plus lourdement taxée. Mais il évoque aussitôt les conséquences pour l'industrie automobile, la faible taxation du diesel étant un argument de vente pour les véhicules qui utilisent ce produit. À ses yeux, le mouvement pourrait aussi être double, une augmentation de la fiscalité sur le gazole s'accompagnant d'un repli sur l'essence.
Après la distribution, le raffinage: six semaines après la fermeture de l'installation de Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime), le PDG de Total a jugé inévitable la même issue pour d'autres sites en Europe, compte tenu du mouvement de diminution de la consommation de produits pétroliers. À l'heure où le groupe reconfigure ses grandes raffineries (en Normandie et à Anvers) pour mieux coller à la demande de certains produits, Christophe de Margerie place aussi ce dossier sous le signe de l'efficacité énergétique: il s'agit en particulier de réduire la consommation des raffineries les plus polluantes.
Le gaz de schiste en question
Dans le dossier ultrapolitique de l'exploration des gaz de schiste - à laquelle le gouvernement est fermement opposé -, Christophe de Margerie indique qu'il y a sans doute des réserves en France mais dont on ne connaît pas l'ampleur. Il regrette parallèlement que le principe de précaution finisse par empêcher «de faire quoi que ce soit».
Christophe de Margerie est revenu également sur les soupçons de corruption sur certains contrats en Iran - au milieu des années 1990 - qui valent à Total et à son patron d'être aujourd'hui renvoyés en correctionnelle par le parquet. Aux États-Unis, le groupe a accepté une transaction pour refermer une enquête similaire: Christophe de Margerie a refusé d'en donner le moindre détail, indiquant que c'était la règle pour ce type de procédure outre-Atlantique. S'agissant de la France, le patron de la compagnie française est apparu relativement serein dans ce dossier, insistant sur le fait qu'on peut parfaitement faire des affaires sans passer par un système de commissions. Quoi qu'il en soit, cette affaire sensible est loin d'être terminée.
En attendant, s'exprimant sur le contexte général, le PDG de Total n'a pas l'impression que les chefs d'entreprise soient particulièrement entendus par l'actuel gouvernement. Ce qui ne change pas à ses yeux de l'équipe précédente.