L’autre jour, c’était hier et déjà si loin, j’allais, esseulé et mâchant de noires brumes comme toutes les heures qui suivent annuellement la fête des pères lorsque mon fils oubli de me téléphoner pour la circonstance – j’allais donc sous mon suaire impavide m’acheter un de ces mille feuilles que j’adore – en tant que littéraire il va s’en dire – à la pâtisserie que j’ai particulièrement choisi pour accomplir ce forfait hebdomadaire, choisi avec soin autant qu'avec une certaine  résignation, puisque c’est là, la seule du village.

Dormant, quasiment endormi, a attendre mon tour dans ce petit commerce défleuri, les yeux rivés sur la devanture, soudain surgit une gente brune pressée qui entra furtivement dans ma pâtisserie.
Par un geste d’une élégance soignée mais quelque peu dérisoire si ce n’est anodine, je proposa à la gente gazelle de passer devant moi – ayant pour ma part tout le temps de mâcher du crépuscule – afin – au final – de mieux respirer le ressac de sa chevelure.
Tout imprégné de ses vapeurs capillaires je ne sais ce qu’elle acheta – mon cœur n’étant pas à vendre hors période de solderie – et ne puis que la regarder disparaître avant que de quémander mon mille feuilles, sans reliure ni marque page.

Puis je m’en retourna à ma VSP, devant me rendre à Loudéac afin de parfaire mes oisifs achats d’un petit whisky que je comptais bien payer avec modération, comme le conseil si justement le ministère de la santé.
Quelques minutes plus tard c’est au stop du carrefour de la rue de la gare que vint s’arrêter à mes cotés une petite Ligier.
Deux VSP cote à cote à un stop cela m’est assez rare pour que je détournasse la tête afin d’en apercevoir le chauffeur.
C’était la même gazelle de la pâtisserie !

Pourtant, le matin même en tirant les lames de mon tarot divinatoire je n’avais lu aucun message particulier, ni signe de l’athanor  des cœurs blanchis par l’asphalte des marées sentimentales, entre la papesse, le pendu, et le bateleur.
Je lui adressa sous pli recommandé un petit signe de la tête :
Effet mistral gagnant, j’obtiens un sourire en réponse et en profita pour interroger l’iris de ses yeux en me passant de toute permission, quant à mon habitude.

Depuis longtemps je connais et je parle la langue des iris muets des princesses sauvages – j’en ai appris les rudiments dans la jungle de mon adolescence – et en ai tiré moult théorie tout autant empreinte de Mon cœur mis à nu de Charles Baudelaire que du Mentir vrai de Jean Cocteau.

Comme les secondes sont souvent plus longues qu’elles ne paraissent lors de certaines furtives rencontres, je me questionnais ainsi durant cette éternité offerte  : Ou irais-je caresser les aromes du  paradis revenu ?
J’ai ouï dire que les mots se murmurait plus tendrement aux abords des plaines irlandaises.
J’ai ouï dire que l’ambre des salives désirées sublimait les couleurs achromatiques des couchers de lune dans l’ancienne Prague de Jiri Kolar.

Hélas soudainement elle me dépassa d’un vif  démarrage -  puisque même la signalisation des romances sans parole n’est éternelle – elle me dépassa comme un éclair – moi qui justement ne respirais plus que par les voluptueuses senteurs de ce coup de foudre -  d’un éclair si vif  que je me suis retrouvé bien seul durant quelques secondes.
Pied à l’accélérateur – puisqu’elle aussi prenait la route de Loudéac – je me mis à espérer de ne la perdre de vue.
Mais ce pied à l’accélérateur était déjà les prémices d’un pied dans la tombe :  elle allait très vite – beaucoup plus vite que mon Aixam,  et disparue de mes rivages, au fil des nos virages.

Revenu plus tard à mon domicile, afin d’oublier cette moribonde séquence, je me plongea dans la déclaration de mon non chiffre d’affaire :  dans quelle section déduire les amours perdus du bilan émotionnel de cette fin de trimestre ?
Et où soustraire mes regrets des passantes passées sans me voir ?

Et qu’en dire à présent : quelques mots de ma plume sur ce forum qui prône le débridage et par le même effet cruel l’échappée des gentes demoiselles !

Et quelle constat pourrais-je tirer de cette pitoyable anecdote – si ce n’est que – même en VSP…l’amour, ça me dépasse. 

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très jolie

exelent

superbe texte ! - merci !

magnifique !!! j'aime vraiment ta prose !!! qui est d'être bridée

Joli.

:D whoua trés beau texte merci beaucoup poru ce trés beau partage trés agréable a lire

Merci toutes et tous pour vos gentils mots concernant ce petit texte.
Romance sans parole -certes - mais non sans réaction  !

Bravo l'artiste, très joli texte. Les Voltaire et autres Rousseau n'ont qu'à bien se tenir !

Vincevsp a écrit:

Bravo l'artiste, très joli texte. Les Voltaire et autres Rousseau n'ont qu'à bien se tenir !

Bah dans leur tombe, je pense pas qu'ils puissent partir bien loin  

Avec les progrès de la science, je m'attends à voir débouler De Gaulle sur les épaules de Che Guevara qui tiendrait la main à Mao moi...  

:shock: :shock: :shock: :shock: 

Tu imagine.. le retour d'Hitler

 

C'est assez chaotique comme cela...

Que chacun reste à sa place... et puis, on a pas assez d'eau et de nourriture pour tout lde monde :P 

Pour en revenir à ce très joli texte, j'en demande d'autres !

Allez "terave" au boulot !  

Vincevsp a écrit:

Les Voltaire et autres Rousseau n'ont qu'à bien se tenir

Rousseau….Rousseau…je subodore que tu fais allusion au fameux code…Rousseau, la bible des autos écoles  !
Si c’est néanmoins Voltaire & Rousseau, il faut en revenir à Victor Hugo qui écrivait dans les Misérables :

Je suis tombé par terre
C’est la faute à Voltaire
Le nez dans le ruisseau
C’est la faute à Rousseau.

Pour ma part, n’étant ni tombé par terre et n’ayant le nez dans le ruisseau, j’apprécie ces deux immortels, même si à mon sens l’écriture de Rousseau à plus vieillit que celle de Voltaire.
Immortels ils le sont – c’est dire à quel point je suis à des années lumières de ces personnages, me contentant de vivre de ma plume – et laissant aux illustres l’immortalité, qui à la longue – surtout sur la fin  – doit devenir quelque peu monotone.

L'art de manier les mots et les lettres me fera toujours planer ! :bise: 

joliment dit!!!